samedi, octobre 31

Samedi 31 Octobre 2009

Ecrire.
Mettre des mots sur les images des sons qui se bousculent.

Entrer dans cette salle et trouver que l'équilibre de la mise en scène s'impose, fragile pourtant. La présence de chacun des meubles, de chacuns des objets compte. Elle s'ajoute à la tension d'un silence naîssant et grandissant , un silence qui nous fait écho, au plus profond de nous.
Puis il y a ce corps qui se montre, qui se dénude de tout en tout devant nous. Un corps qui crache des mots qui rebondissent , qui frappent, qui heurtent. Des mots qui mettent mal à l'aise; des mots à sens, des mots de fond, des mots cachés que personne ne veut jamais entendre mais qu'il faut dire pour ne pas etouffer.

Etre frapé, chamboulé, violenté. Se faire violence.

"Il faut arrêter de vous protéger; il faut un peu se faire mal. Oser se faire mal".
Lorsque j'avais entendu ces mots, j'avais cru les comprendre de tout en tout. Sûrement qu'ils avaient fait écho. Sûrement que ce jour là, ils m'avaient touché. Mais plus ça va, plus ils arrivent et se figent devant moi.
Se faire violence, oser avancer , oser choisir.
Ils me font mal et je me cache les yeux pour ne plus les comprendre, mais je les entends, ils sont là et ne me quittent plus.

"Comprendre, toujours comprendre. Moi je ne veux pas comprendre."

Chanter.
Chanter pour oublier ces mots, pour s'en débarasser. Chanter un cri coincé et qui fait mal, chanter pour se débarasser, pour se faire du bien.
Chanter pour ne plus être encombré d'un poids trop lourd , de plus en plus difficile à porter.
Se laisser porter par une voix de tête et sortir l'energie perdue au fond de sa poitrine. Ne plus penser, sentir mon corps trembler, mes jambes faiblir.
Continuer.
Chanter jusqu'au bout d'un soufle, puis écouter les quelques secondes de silence qui envhissent l'espace d'autour, qui se glissent entre mes respirations trop forte. Observer ce silence et sentir sa mélodie qui bourdonne.
Soupirer, faiblement. Sourire , un bref sourire de soulagement.

Danser.
Sentir son corps se courber au creux des lignes qui font mal.
Sentir le rythme des pas qui s'affirment sans que l'on s'en rende compte. Des pas qui sont assurés, qui suivent la musique, qui suivent un rythme de vie, de danse, une cadence. Des pas qui s'enfoncent dans le sol, un peu plus profond.
Ne plus se sentir du tout. Lorsque tout se coordine, lorsque tout se débloque. Ne plus rien suivre du tout. Danser pour le plaisir de bouger et de se défouler.
Puis revenir en rythme, dans la sensualité naissante d'une musique inéxistente.
Se laisser tomber et savoir que l'on sera rattrapé.

Jouer.
Jouer un jeu de masques, tous les jours. sourire sans arrêt. Ne plus se rendre compte que l'on joue.
Etre un personnage un jour, un autre le lendemain.
Puis se retrouver le jour où il faut vraiment jouer. Se retrouver face à ceux qui attendent que l'on joue. Jouer pour de vrai. Le moment où l'on se dévoile peut-être le plus puisqu'il faut enlever le masque que l'on portait en arrivant pour en revêtir un autre, un "officiel".
Se déshabiller du tout au tout devant d'autre pour se glisser dans une nouvelle peau.
Ne plus y réfléchir, laisser sortir une voix, des mots, des gestes qui se perdent au fur et à mesure que l'on joue. Jouer mais ne pas s'en rendre compte. Incarner?
Jouer et s'apercevoir que ça y est, c'est fait. Regretter de n'avoir pas fait ci ou ça. Un manque de courage qui nous poursuit, une lâcheté peut-être. Se dire , "c'est bête, pourquoi ne pas avoir osé?"

Lâche. Etre lâche, est-ce ça? Ne pas vouloir choisir, se réfugier dans le non-dit, dans le temps de repos accordé pour prendre une pause pour ne plus y penser.
Etre lâche de ne pas oser s'aventurer? Ou bien, mettre le mot lâcheté sur des hésitations embêtantes que je croyais avoir dépassé.
Lâche de ne plus oser écrire de peur de se retrouvé face à des questions. Lâche de ne plus oser , de se débarasser, d'essayer de ne pas y penser. Lâche, de ne pas vouloir avancer ou de ne pas oser. Lâche, un mot si simple à appliquer, partout.
Suis-je lâche. Sommes nous lâche?
Je ne veux plus y penser. Peut-être que je ne veux pas voir une réponse qui me dirait le contraire et qui me remettrait face à mes incertitudes. Etre lâche, ou ne pas l'être, je n'en sais rien... En tout cas, c'est plus simple.

Prendre mon violon et jouer des notes qui sortent d'au fond.
Hésiter à le reprendre quelques fois.
Faire beau? Pourquoi, il n'y a personne.
Juste les lamentations qui sortent et qui prennent l'espace.
Essayer d'arriver au moment ou je ne sentirais plus mes doigts courrir.
Puis reprendre, comme si de rien n'était, la sonate de Debussy. Revoir tous les passages, un à un. Les jouer, les rejouer pour ne se concentrer que sur la note qui n'arrive pas à passer.
Jusqu'à l'aboutissement éphémére qui s'inscrit un peu plus à chque fois pour finir par rester.

Face aux images, je sens la tension des couleurs, les lignes qui courent et le tout qui s'entremêlent. J'en construit de nouvelles. J'affronte ses mains et ses yeux qui ne voulaient plus s'y prêter.
Il est temps.

Temps de quoi? Temps de tout perdre? Non. Biensûr que non. Je ne perds rien.
Temps de tout reconstruire? Temps de s'écouter un peu plus. Temps de se faire confiance. Peut-être que tout est aussi simple que ça. Se faire confiance. Arriver à se dire que quoiqu'on fasse, l'on a choisi pour des raisons qui en valaient la peine.
Ecouter un peu plus ce que je ressens que cette raison démusurée qui prends toute la place. Réussir à me dire que les sens ont autant d'importance que la raion. Réussir à me dire que je peux choisir pour l'instant même, quelques fois. Parvenir à se débarasser de l'idée de ce rôle que je dois, devrais tenir.
Réussir à me dire tout ça sans avoir cette boule au ventre qui se moque de moi et qui m'envahit. Cette boule qui me fait reculer et me cacher.

Se perdre.
Il faut bien se perdre pour emprunter des routes différentes...
Je pense que c'est la meilleure solution.

Kanaillou

PS: Joyeux Halloween...

1 commentaire:

Justine a dit…

C'est superbe.Je me répete mais je ne trouve rien de mieux à dire.
Joyeux Halloween à toi aussi petite Kanelle,on se voit lundi
<3