dimanche, août 23

Dimanche 23 août 2009

Chapitre 4.

-Séparations-

Les deux dernières semaines sont passées très vite. Toujours près de la mer, de la rivière, de la forêt. Quelques jours encore avec ceux qui sont là bas.

De France.

Le décallage horraire est impitoyable; j'ai beau n'avoir dormi que quatre heure dans l'avion, les six heures en moins de la Martinique me gardent éveillées.

Je crois que ce que j'aime le plus dans le retour, c'est retrouver ma maison, les couleurs, les odeurs, les lieux, les routes...
D'abord, l'entrée, l'allée parcourue en voiture. Puis, la petite allée jusqu'à la porte d'entrée, le jardin, les mains pleines de bagages. Quand la porte s'ouvre, cette odeur familière, mon odeur (L., ma petite cousine me disait "Tu sens bon, ça sent chez toi."), les couleurs de l'entrée. L'espace de la cuisine, le bruit de la chaudière puis du frigidaire.
Le couloir, les portes ouvertes, les livres qui s'empilent, les couleurs de la salle à manger. Ma chambre. Ma chambre qui n'a pas bougé, qui m'a attendu. Ma chambre et les photos accrochées au mur, les posters, mon canapé, les cousins par terre, mon lit, les rideaux de mon armoire.
Et Tania, toute collée contre moi, qui ronronne.
Je crois que oui, c'est ça que je préfère dans le retour.

J'ai toujours detesté les jours de départ.
Dire au revoir. Penser que dans une dizaine d'heures, ils seront tous à huit mille kilomètres de nous.
Il fallait passer voir la famille. Les serrer dans nos bras, les embrasser. Leur dire "à bientôt" sans bien savoir à quand.

Partir.

Quitter la mer qui nous entoure, la chaleur humide.
Les quitter eux.
Quitter des lieux, des visages et ne pas savoir quand ça sera, la prochaine fois.

A l'aéroport, la dernière image que j'ai de ceux qui étaient là, ce sont les mains qui s'agitent. Il y en a beaucoup. Puis je passe le contrôle de passeport et devant moi, il n'y a que le détecteur de métal, la salle d'embarquement puis l'avion.

On a décollé de nuit. Du ciel, on pouvait voir les chemins tracés par les lampadaires , sur l'île. C'était beau.

Dans la voiture, on écoutait de la musique. J'ai serré la main de Papa qui ne voulait pas partir.

Vendredi 21 août.

C'est notre dernier jour. Le midi, c'est Papa et moi qui faisons la cuisine pour le repas d'au revoir. On sera seize.
Dans la cuisine, au bout du compte, il y a aussi Tati C, A. et M. qui sont là.
Comme d'habitude, on est en retard. Mais eux le sont plus que nous.
Cuisiner me détend.
L'après midi passe. Ils sont là et on est content d'être ensemble.
En fin d'après midi, certains partent, d'autres restent.

On est assis dans le jardin, sur le banc, la table jaune et la balançoire. On discute. A. me lance un glaçon dessus. Puis un autre. J'arrive à en attraper un et je me lève; elle court et je lui court après. On rit comme deux enfants qui jouent à chat. On se bat, on roule par terre, dans l'herbe. L'on ne s'arrête pas de rire. On cri. Les autre rient aussi. Par terre, avec Elle, à ce moment là, je me sens vivre. Je vis si fort que ça fait du bien de la sentir tout contre moi.
Puis d'autre se lève, cela finit en bataille, on en sait plus trop qui est avec qui.

Plus tard, dans la soirée, Papa ouvre une bouteille de vin. Il sort du frommage et de la rillette. On se retrouve autour de cette table, sur la terrasse d'où ils agitent toujours la main lorsque l'on passe et que l'on klaxonne sur la route d'en face; une tradition entre nous qui reste.

Je me sens entourée; je sens qu'il sont là.
Alors je souris, je me dis que c'est un très bel au revoir.

Dans la voiture, direction l'aéroport, il se met à pleuvoir. Il avait plu aussi quand Maman était partie. Papa avait dit "La Martinique pleure parce que tu t'en vas..."
J'y repense.
Est-ce la Martinique qui pleure aujourd'hui ou nous? N'est-ce pas nos cœurs qui pleurent à l'unisson, même quand les larmes parviennent à rester à l'intérieur.
Je ne sais pas.
Je sens juste la douleur de la séparation.

Dans l'avion, il pleut encore. les gouttes s'écrasent et dégoulinent contre le hublot. Puis l'on décolle et l'eau ne coule plus.

L'on s'envole.

Kanaillou

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est magnifique ma Kanelle,magique même

Je t'embrasse

Justine